Un des très beaux tableaux de la collection Morozov actuellement exposée à la fondation Vuitton est l’Acrobate à la boule de Pablo Picasso.
Dans ce tableau, une jeune fille semble chercher l’équilibre en levant les bras au ciel, tandis que le physique massif de son compagnon exprime une grande stabilité.
Un peu perdue dans mes pensées, je n’ai pu m’empêcher de pencher que la recherche d’équilibre s’appliquait à tant d’autres domaines que les spectacles de cirque, comme la recherche de l’équilibre dans l’épanouissement personnel, dans les échanges contractuels, …
Finalement l’inspiration professionnelle m’a aussi conduite à trouver que ce tableau pouvait refléter également la recherche constante de l’équilibre de la trésorerie dans une petite entreprise. En effet, la pme doit développer son activité mais aussi s’assurer d’encaisser son chiffre d’affaires assez rapidement pour faire face à ses échéances de paiement.
Comme la jeune acrobate, l’entreprise doit rechercher l’équilibre de la trésorerie constamment, c’est-à-dire tous les jours.
Quels sont les facteurs qui contribuent à l’équilibre de la trésorerie ? Le BFR est le premier d’entre eux.
Le BFR ou besoin en fonds de roulement, représente le besoin de financement de l’activité courante de l’entreprise. Ce besoin s’exprime entre le moment où elle décaisse de l’argent (pour acheter du matériel par exemple) et le moment où elle encaisse l’argent des clients après avoir fait des ventes (beaucoup plus tard).
Le décalage de temps entre les différents flux fait que Le BFR est source de déséquilibre dans la trésorerie de l’entreprise, en général négatif.
En effet, une majorité d’entrepreneurs souffrent d’un problème de BFR, car ils doivent décaisser des charges fixes : loyer, salaires, abonnements, avant d’avoir encaissé la facturation de leurs clients. Le niveau de trésorerie doit constamment pouvoir absorber ce décalage de flux.
Le maître mot est donc d’anticiper le déséquilibre de la trésorerie, en prévoyant dans le temps les sommes à décaisser et les prévisions d’encaissement des clients. Cela permet d’identifier les périodes où la trésorerie va être la plus tendue, et de pouvoir agir pour réduire le déséquilibre.
La trésorerie est la résultante des flux d’encaissements et de décaissements, et ceux-ci suivent des règles plus ou moins précises. Par exemple, les loyers vont être payés le 5 du mois, les fournisseurs d’énergie avant le 20 du mois suivant, les clients vont payer 30 jours après avoir reçu la facture.
Ces règles ne sont pas toujours suivies, mais elles permettent de concevoir une prévision de trésorerie au cours du mois, qui va mettre en évidence les périodes de déséquilibre les plus sensibles.
Cela permet, à partir de la situation de trésorerie à un instant T, de se projeter dans cette situation à 1 mois, 3 mois, 6 mois, 1 an ou plus, pour prendre les bonnes décisions de gestion.
Le pilotage de la trésorerie va ensuite consister à comparer le bilan de trésorerie, c’est-à-dire la situation réelle de la trésorerie, avec les prévisions.
Ressortir les écarts entre les prévisions et les réalisations n’est que le début du travail d’analyse. Il est ensuite nécessaire de comprendre si les écarts proviennent d’un problème d’encaissement ponctuel (client défaillant, retard dans le versement d’une subvention) ou d’une tendance structurelle (inflation des prix des matières premières, mauvaise évaluation du modèle d’encaissement).
Cette analyse est essentielle au pilotage de la trésorerie et à la mise en œuvre des solutions pour réduire le déséquilibre de trésorerie.
En France, une entreprise dépose le bilan toutes les 33 minutes à cause de problèmes de trésorerie.
Si elles font faillite, c’est pour une raison simple : elles n’ont plus les fonds nécessaires pour payer leurs dépenses à court terme. C’est tout ! Leur problème n’est pas de trouver des clients, mais d’optimiser leur gestion financière.
Nous avons vu qu’établir des prévisions de trésorerie permet d’anticiper les périodes de déséquilibre de la trésorerie, connaître les moments de l’année où la trésorerie va être la plus tendue ou au contraire excédentaire.
Cette connaissance est très utile, car elle va permettre de réduire l’ampleur des déséquilibres.
De façon préventive, il s’agira de prendre des mesures pour réduire le Besoin en Fonds de Roulement. Par exemple, allonger le délai de paiement des fournisseurs pour payer vos factures au maximum du délai légal, demander des acomptes aux clients au-delà d’un certain montant de facture, réduire les stocks pour assurer une meilleure rotation.
De façon curative, il s’agira de financer le besoin en fonds de roulement : par des lignes de trésorerie, par des apports en compte courant de la part du chef d’entreprise, ou par d’autres solutions comme l’affacturage ou l’accord d’escompte aux clients.
La gestion de trésorerie demande donc plusieurs actions combinées :
Le Directeur Administratif et Financier est généralement chargé de l’élaboration des documents liés à la trésorerie. Son expertise lui permet d’établir ces documents de manière fiable et exhaustive. Elle lui permet de mener les analyses et d’être force de proposition vis-à-vis du chef d’entreprise. Il va donc proposer à ce dernier la mise en œuvre des solutions pour améliorer l’équilibre de la trésorerie, en tenant compte des orientations stratégiques de l’entreprise.
Faire appel à un Directeur financier à temps partagé est la bonne solution pour que le dirigeant ne se laisse pas surprendre par un déséquilibre de trésorerie, et puisse se consacrer à trouver des clients et assurer le développement de son entreprise. Il peut intervenir quelques jours par mois sur le sujet spécifique de la gestion de trésorerie en proposant au dirigeant une mission d’assistance spécialement dédiée à ce sujet.
Finalement, ne faites pas comme l’acrobate de Picasso qui cherche l’équilibre en levant les bras au ciel, pour l’équilibre de votre trésorerie faites vous accompagner par un directeur financier à temps partagé… et profitez en pour visiter la magnifique exposition Morozov à la fondation Vuitton.
